La comète ISON
Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Où va-t-elle ?ISON (International Scientific Optical Network) a été découverte en Russie par Vitali Nevski et Artyom Novichonok en septembre 2012. Elle proviendrait probablement du nuage de Oort, situé à des centaines de milliards de kilomètres du Soleil. Ce nuage, qui pourrait contenir des milliards de comètes, serait le vestige de la formation du système solaire et marquerait sa limite.
ISON va passer près du Soleil le 28 novembre et pourrait offrir ensuite un spectacle extraordinaire… Son voyage depuis son orbite lointaine a probablement duré un million d’années.
Les astronomes la suivent donc depuis plus d’un an. Elle est en pleine effervescence et change d’aspect d’heure en heure. Tous les observatoires du monde ont un télescope pointé vers elle et elle gagne en éclat et en taille de nuit en nuit.
Que ce passe-t-il ?En s’approchant du Soleil, ISON, d’abord complètement gelée, a commencé à sortir de son hibernation entre les planètes Mars et Jupiter, au printemps 2013. Elle mesure environ 5 kilomètres de diamètre et pèse peut-être cinquante milliards de tonnes, regorge de glaces, de gaz et de poussières. Aujourd’hui, chauffée par le Soleil qu’elle approche, elle se sublime et éjecte des milliers de tonnes de matière à chaque seconde. Elle est désormais auréolée d’une chevelure pleine de glace et de poussières qui va s’accroitre. Elle va aussi développer une queue longue de plusieurs dizaines de millions de kilomètres.
Aujourd’hui, la comète, est à moins de cent millions de kilomètres du Soleil et fonce vers lui à une vitesse de cinq millions de kilomètres par jour.
Son éclat, entre le début et la mi-novembre, a été multiplié par cent.
Elle a eu un premier sursaut d'activité très marqué autour du 14 novembre. Beaucoup d'astronomes ont cru que le noyau s'était fragmenté. Mais depuis, aucun noyau secondaire n'a été détecté. Le ou les blocs qui se sont probablement détachés devaient être de petite taille. C'est plutôt rassurant, car il faut que la comète tienne le coup encore une semaine avant d'atteindre le Soleil. Depuis, la comète a connu une période d'accalmie, de courte durée. Le 19 novembre, un nouveau sursaut a été observé par le télescope Trappist (à La Silla au Chili) : la production d'éléments volatils a été multipliée par 6.
Elle commence à montrer en photo une queue très longue : sa traîne de gaz et de poussière s'étend sur plus de 7° (soit plus de 15 millions de kilomètres), le dixième de la distance Terre-Soleil. Avec le nouveau sursaut d'activité, elle pourrait s'allonger encore.
D’après les mesures réalisées à l’observatoire de Pico Veleta (Sierra Nevada andalouse), ce regain d’activité pourrait être lié à une fragmentation du noyau. La comète pourrait donc se briser et s’évaporer littéralement à l’approche du Soleil. Elle va passer, le 28 novembre 2013, à seulement un million de kilomètres et va être chauffée à plus de 2000 degrés durant quelques heures. Elle risque donc de se désintégrer sous l’effet de l’attraction et de la chaleur du soleil.
Va-t-elle être visible ? On peut actuellement, et jusqu’au 28 novembre, la voir à l’aube, à l’œil nu et aux jumelles, dans la constellation de la Vierge, à moins de 10° sous l'étoile Spica même si l’éclat de la nouvelle Lune l’éclipse un peu.
Le 28 novembre, frôlant le Soleil (elle sera alors en périhélie), elle sera invisible depuis la Terre mais n’échappera pas aux télescopes spatiaux en orbite autour du soleil (Stereo A, Stereo B, Solar Dynamics Observatory et Soho).
Nous saurons dès le 28 novembre ce qui nous attendra dans les jours qui suivront, lorsque la comète s’éloignera du Soleil pour émerger dans les lueurs de l’aube. C'est-à-dire début décembre.
Si ISON survit à son rase-mottes stellaire, nous devrions voir émerger sa chevelure au dessus de l’horizon est le 3 ou le 4 décembre, à l’aube. Puis elle s’éloignera du Soleil et se montrera, en fin de nuit, de plus en plus haut sur l’horizon, cheminant entre les constellations de la Couronne Boréale, le Bouvier, le Dragon et la Grande Ourse.
La comète ISON photographiée le 17 novembre 2013, avec un téléobjectif de 180 mm.
Crédit : Michael Jäger via Ciel et EspaceVega